Choriorétinopathie séreuse centrale (CRSC)
Définition
La choriorétinopathie séreuse centrale (CRSC) est une affection maculaire caractérisée par du fluide sous rétinien (décollement séreux ou DSR) bien circonscrit.
Ce décollement est attribué à une altération de la perméabilité rétinienne et de la fonction de résorption au niveau de l’épithélium pigmentaire (tissus sous rétinien), associé à une choroïde épaissie (pachychoroïde).
Elle est la quatrième pathologie non chirurgicale la plus courante après la dégénérescence maculaire liée à l’âge, la rétinopathie diabétique et les occlusions veineuses rétiniennes.
Pour le moment, sa cause précise reste inconnue.
Les patients symptomatiques décrivent une vision qui devient brutalement floue et assombrie, associée à des micropsies (objets plus petits qu’ils ne sont), à un scotome paracentral, ou une altération de la vision des couleurs.
La vision, dans la plupart des cas, reste supérieure à 6/10ème.
Ses principaux diagnostics différentiels sont la dégénérescence maculaire liée à l’âge et la vasculopathie polypoïdale.
Population concernée
Son incidence annuelle est estimée entre 6 et 10 pour 100 000 habitants dans une population caucasienne.
Elle touche essentiellement les hommes (sex-ratio compris entre 2,6 et 9 hommes pour 1 femme), en bonne condition physique, pour un âge compris entre de 39 et 51 ans.
Les anomalies morphologiques sont souvent retrouvées de façon bilatérale.
Des facteurs de risque de survenue ont été identifiés : personnalité stressée (type A), prise de corticoïdes et taux élevés de corticoïdes endogènes (maladie de Cushing), le travail en horaires décalés, une prédisposition génétique, d’autres facteurs hormonaux et systémiques : grossesse, apnées du sommeil, hypertension artérielle, reflux gastro-œsophagien, infections à Hélicobacter pylori.
Le plus souvent, le décollement séreux régresse en quatre à dix semaines de façon spontanée.
La récupération visuelle suit en général la régression du décollement séreux qui peut prendre jusqu’à un an (sa durée est associée à un moins bon pronostic visuel).
En général, le pronostic visuel est bon, mis à part pour les formes chroniques (au delà de 6 mois) ou bulleuses.
Des métamorphopsies modérées, des micro-scotomes, des anomalies de la sensibilité au contraste, un léger déficit dans la vision des couleurs peuvent persister.
Une ou plusieurs récidives sont fréquentes (environ 50%).
L’évolution vers la néovascularisation est possible (complication rare avec une incidence estimée entre 2 et 9%).
Examens nécessaires au diagnostic
- l’OCT est un excellent examen pour le diagnostic et le suivi.Il met en évidence un décollement séreux rétinien, un décollement de l’épithélium pigmentaire, un épaississement choroïdien.
- l’OCT-A facilite la mise en évidence d’une complication néovasculaire qui n’est pas toujours évidente à diagnostiquer.
- les images en autofluorescence permettent de retrouver des remaniements de l’épithélium pigmentaire, alors que l‘examen clinique semble normal.
- en angiographie à la fluorescéine, la CRSC a une présentation caractéristique avec l’apparition d’un ou plusieurs points de fuite, traduisant une hyperperméabilité de la choriocapillaire et de l’épithélium pigmentaire.
- l’angiographie au vert d’indocyanine apporte des informations précieuses sur la présence d'une éventuelle néovascularisation choroïdienne.
Traitement
Le premier épisode est souvent spontanément résolutif en quelques semaines.
Une simple surveillance est recommandée lors de la première poussée, avec en parallèle, l’éviction de tous les facteurs de risque identifiés (notamment la prise de corticoïdes sous n’importe quelle forme).
Si le décollement séreuxpersiste au-delà de 3 à 6 mois, si une récupération visuelle rapide est nécessaire (patients jeunes et actifs), si la baisse d’acuité visuelle est importante, un traitement pourra être proposé.
Récemment, des inhibiteurs du récepteur aux minéralocorticoïdes ont été utilisés. Leur action repose sur l’impact du métabolisme des corticoïdes. Chez certains patients, des résultats encourageants ont été observés avec une réduction du décollement séreux. Néanmoins, les études récentes n’ont pas montré une efficacité significative remettant en cause leur prescription hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché).
La photocoagulation directe au laser du point de fuite, après repérage angiographique, peut être réalisée, à condition que celui-ci se trouve en dehors de la zone de vision centrale.
Pour des points de fuite centraux, paracentraux et chroniques, la thérapie photodynamique (ou PDT) est enisagée. Elle stimule la résorption du liquide sous-rétinien tout en induisant une hypoperfusion de la choriocapillaire, une diminution de son épaisseur et un remodelage sa vascularisation sur le long terme.
Il s’agit d’un traitement laser de faible intensité couplé à l’utilisation d’un produit photosensibilisant.
La PDT s’effectue en 2 étapes, au cabinet :
- administration intraveineuse du produit photosensibilisant (pendant 15 minutes, à la seringue électrique)
- application du laser maculaire pendant 83 secondes, à l’aide d’un verre contact, après dilatation.
Il est recommandé de ne pas s’exposer au soleil ou aux sources halogènes dans les 48 heures suivant le traitement, à cause de la photosensibilisation.
Des lunettes spéciales vous sont fournies dès la fin de la séance, ainsi qu’un bracelet indiquant que vous avez reçu ce traitement.
La dilatation dure environ 2 heures. La conduite automobile n’est pas récommadée durant ce laps de temps.
Elle peut être répétée à distance en cas de récidive.
Le contrôle de son efficacité est évalué 4 à 6 semaines plus tard.
Si une néovascularisation est diagnostiquée, des injections intravitréennes d’anti-VEGF seront proposées au cas par cas.
La prise de corticoïdes doit être évitée autant que possible.
Les informations délivrées ci-dessus sont données à titre informatif.
En raison des spécificités de chaque cas, les informations délivrées ne seraient se substituer à celles qui vous seront délivrées en consultation.
L’équipe médicale du Centre d’ophtalmologie Jean-Jaurès.